Le 22 septembre 2023
La Commission à la Formation et à la Vie Universitaire (CFVU) de l’université de Strasbourg a voté ce 19 septembre la fin de l’exonération des frais d’inscription en master pour les étudiant-e-s étranger-e-s hors UE. Jusqu’à présent l’Université de Strasbourg avait exonéré ces étudiant·e·s de la hausse des frais prévus par la loi « Bienvenue en France », qui fait passer les frais d’inscription à 2 770 euros par an en licence et 3 770 euros par an en master. Mais après ces quelques années « transitoires », l’université prétexte d’atteindre le seuil fatidique des 10 % d’étudiant-e-s exonéré-e-s (limite fixée par décret) pour mettre fin à cette disposition pourtant unanimement souhaitée et saluée.
Sa « solution » à cette situation ? Priver les étudiant-e-s en master de cette exonération ! Prendre cette décision c’est cautionner des positions institutionnelles xénophobes et antisociales. D’une part c’est affirmer que les étudiant-e-s étranger-e-s n’ont pas le même droit d’accès à l’enseignement supérieur, et c’est une chose que nous ne pouvons pas, et ne devons pas laisser passer. D’autre part cela revient à affirmer que seul-e-s les étudiant-e-s extra-communaitaires les plus aisé-e-s pourront venir étudier en France, renforçant encore la dynamique de sélection sociale déjà installée par Parcoursup et MonMaster. Enfin — et c’est le plus inacceptable — c’est affirmer que notre communauté valide qu’il existe bien une différence de nature entre les étudiant·e·s de la communauté européenne et tous les autres. Une telle mesure ne fait que renforcer les idéologies racistes qui se
développent partout dans le monde.
Nous dénonçons la responsabilité des membres de la CFVU, et en particulier celle de l’AFGES, dans l’adoption de cette politique discriminatoire :
seul·e·s 9 membres de cette commission ont voté contre cette augmentation. Se cacher derrière de prétendues nécessités budgétaires revient à oublier que les questions financières sont avant tout des questions de priorités politiques et qu’il n’y a dans cette mesure aucune nécessité devant laquelle se plier, mais seulement un long combat à mener contre toutes les politiques discriminatoires. Car le problème de fond est le suivant : considérer les étudiant-e-s étranger-e-s comme une variable d’ajustement à un problème budgétaire et en faire ainsi des boucs émissaires.
Cette augmentation des droits d’inscription des étudiant-e-s étranger·e·s
extracommunautaires s’inscrivant en master étant vue comme l’un des moyens permettant de résoudre nos problèmes financiers, nous devons craindre qu’elle soit généralisée progressivement à toutes les formations, et pour tou·te·s les étudiant-e-s, si nous ne réagissions pas.
Le vote de la CFVU n’est qu’une étape : cette décision doit maintenant être soumise à l’adoption par le Conseil d’Administration de l’université le 26 septembre.
Pour montrer notre opposition à l’application de « Bienvenue en France » dans notre université, nous appelons les personnels et les étudiant-e-s à un rassemblement devant le bâtiment Le Bel ce mardi 26 septembre à 13h30.
Comment donc le président Michel Deneken peut-il au même moment signer une tribune dans Le Monde pour demander « la mise en place d’une allocation d’études pour tous les étudiants » et multiplier par 10 les droits d’inscription en master pour les étudiant-e-s extracommunautaires ?
Nous demandons l’abandon de toute tentative d’instaurer l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s à l’Université de Strasbourg. Nous défendons une université gratuite, inclusive, ouverte à tou-te-s !
Signataires : Solidaires étudiant-e-s Strasbourg, SNESUP-FSU, FSE, CNT-STP67, Alternative étudiante Strasbourg, Sud Éducation Alsace, SNTRS-CGT, SES-CGT, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, FO ESR