Enseignant·es de tout statut, unissez-vous ! 

Communiqué du SNESUP-FSU de l’Université de Strasbourg

Le 2 juin 2023

La Loi de programmation de la recherche (LPR) adoptée fin 2020 – et contre laquelle la communauté universitaire s’était mobilisée massivement – a considérablement avivé la compétition entre les universités, les laboratoires et les chercheurs. Des milliards annoncés, nous n’avons pas encore vu la couleur : la misère des universités s’accroît et la précarité se développe. Face à ce qu’on nous présente comme « des difficultés budgétaires inédites » (Lettre d’orientation budgétaire 2024), l’équipe présidentielle de l’Université de Strasbourg a fait le choix de multiplier les emplois contractuels au détriment des postes de titulaires. Les Assises des ressources humaines de 2021 peinent à donner un vernis de politique sociale à cette gestion de la pénurie. Parmi les propositions présentées au sein de groupes de travail, plusieurs ont retenu l’attention du SNESUP-FSU et méritent d’être débattues largement avant d’être soumises au vote des conseils centraux et du CSAE.

Concernant les Chargés d’enseignement vacataires (CEV) la présidence propose de relever le plafond du nombre d’heures annuel de 96 à 140 HETD. Le SNESUP-FSU est très réservé sur cette mesure qui risque d’accroître la précarité. 140 heures d’enseignement correspondent quasiment à ¾ d’un service d’un EC et devraient conduire à l’établissement d’un CDD d’enseignement. Par ailleurs, la présidence propose une mensualisation pour les vacataires faisant plus de 64 HETD. Le SNESUP-FSU demande que la mensualisation soit aussi appliquée à ceux-ci, dès lors qu’ils en formulent la demande. Le SNESUP-FSU de l’Université de Strasbourg soutient les luttes locales et nationales des enseignants vacataires qui demandent le doublement de l’heure de vacation.

Un toilettage important de la convention de gestion des Contractuels enseignants est en cours de discussion. Le SNESUP le demandait depuis longtemps. Si nous soutenons le projet de versement de la PES aux enseignant·es en CDI, nous demandons que les enseignant·es en CDD puissent également en bénéficier. La proposition d’aligner les contractuels d’enseignement titulaires d’un doctorat sur la grille des agrégés est louable. Mais une prise en compte du doctorat ne saurait conduire à une dévalorisation du concours national de l’agrégation. Nous proposons une prise en compte du doctorat par une bonification d’un échelon supplémentaire sur la grille indiciaire des PRCE. Enfin nous demandons à la DRH d’accorder une attention particulière aux collègues en CDI en fin de carrière et dont les échelons restent bas, sans accès possible à la hors-classe.

S’agissant des Enseignant·es du second degré affecté·es dans le supérieur (PRAG-PRCE-PE-PLP), le SNESUP-FSU rappelle son soutien à la revendication du collectif 384 d’accéder à la C1 du RIPEC ou à un alignement de la PES sur la C1 du RIPEC. Nous déplorons que les réunions avec la présidence et le rectorat n’aient débouché pour l’instant sur rien de concret. Le SNESUP-FSU de l’Université de Strasbourg apporte tout son soutien aux collègues qui s’engagent dans un mouvement de protestation par des démissions des responsabilités pédagogiques et administratives. Nous demandons à la présidence de veiller à ce que les droits de ces collègues soient respectés et qu’aucune mesure de rétorsion ou d’intimidation ne soit exercée contre eux par leur hiérarchie.

Les enseignant·es-chercheurs/euses de l’université de Strasbourg subissent de plein fouet les conséquences des gels et des suppressions de postes en cours depuis une dizaine d’années : bureaucratisation des tâches, cascade d’appels à projets, évaluationnite aiguë, managérisation des formations et de la recherche, concurrence des « tenure track », compétition à tous les niveaux, fragmentation des collectifs de travail et des équipes… La progression des carrières des maîtres de conférences n’a jamais été aussi catastrophique, malgré les promesses de la LPR. Le repyramidage ne bénéficie qu’à une dizaine de collègues par an, l’accès à la C3 du RIPEC ne répond pas à la transparence attendue et le taux de promotions à la hors-classe passera cette année de 20 à 15 %. Cerise sur le gâteau : la présidence envisage d’aligner les salaires de certains MCF contractuels sur la grille indiciaire des PU ! Elle serait mieux inspirée d’ouvrir des postes d’enseignant·es-chercheurs/euses titulaires et de favoriser la consolidation des équipes par des emplois pérennes.

Une bonne nouvelle pour terminer : le projet de refonte du Référentiel d’activités des enseignants – que le SNESUP-FSU demande depuis quatre ans ! – va être enfin mis en chantier. Après plus de 10 ans d’existence, ce référentiel a besoin d’être toiletté en profondeur. Son application est très variable selon les composantes et les bénéficiaires. De nombreux enseignants qui devraient bénéficier de décharges sont oubliés ou bien ne font pas valoir leurs droits. Rappelons que le référentiel de notre université est ouvert aux enseignants de tous statuts, et qu’il devait être financé initialement par le central. Force est de constater que les composantes ne sont pas toutes traitées de la même façon : certaines doivent financer tout ou partie de leurs heures de décharge sur leurs crédits propres. Il existe aussi des inégalités entre collègues. Un gros travail d’harmonisation est à faire, même si une certaine souplesse doit être permise entre les composantes. Le SNESUP-FSU est très attaché au principe suivant : à tâche ou mission égales, décharge égale. Dans tous les cas, la présidence de l’université et les directions de composantes doivent veiller à une répartition juste des décharges entre les collègues, quel que soit leur statut, contractuels ou titulaires.

Le SNESUP-FSU appelle à lutter contre la contractualisation débridée des emplois dans notre université. S’il n’est pas mis fin à cette dérive, les orientations actuelles conduiront à toujours plus de concurrence et de précarité et signeront la fin du service public. Le SNESUP-FSU appelle les enseignant·es de tout statut, titulaires, contractuels et vacataires, à se soutenir mutuellement, à manifester de la solidarité envers les plus précaires et à s’unir pour continuer à faire vivre la pensée de Simon Leys : « Nous ne sommes pas les employés de l’université, nous sommes l’Université. »


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